Coups de soleil écossais : épisode 3
Depuis 3 jours, les crampons de Théo bottent énormément, normal, ils n’ont pas d’anti-bottes ! Pour y remédier, il s’en fabrique une belle paire orange avec un plot de travaux prélevé la vieille sur un chantier. Christophe en fait de même pour ses crampons et Marc répare les siens avec un bidon de lait.
Daniel pris en flagrant délit de dégradation des biens publics
Le mauvais temps a l’air de s’installer sur Fort Williams et nous en avons marre des marches d’approche. Jeudi, nous décidons d’aller dans les Cairngorhns, Christophe et Daniel se rappellent d’un magnifique granit rose et d’une marche d’approche rapide. Le lendemain, la route est un peu longue pour atteindre le parking de la station de ski juxtaposant le spot de grimpe mais les paysages sont magnifiques. Une foule de grimpeurs est en train de se préparer lorsqu’on arrive. C’est simple, il y a plus de piolets que de skis ! Les sacs sont chargés rapidement et c’est d’un bon pas qu’on attaque l’approche. Encore une fois nous traversons un superbe paysage, de plus aujourd’hui le ciel est bleu et on voit même le soleil !
Au départ du parking avec vue sur les pistes de ski écossaises
Nous ne sommes pas seuls sur le spot
L’air est sec et froid, les conditions sont top. Arrivés dans un cirque, nous découvrons une large face de 150m de haut pourvue d’une multitude de lignes, c’est un peu le Walibi de l’escalade hivernal écossaise. Daniel et Marc partent dans un grade 5, Théo et Christophe dans un grade 4 et Céline et moi dans un grade 3. Le vent souffle et les fameux spindrifts écossais sont bientôt sur nous, nous mettons les masques. Nous évoluons côte à côte avec Théo et Christophe, une cordée nous suit et une précède les autres. Elle est lente et ça finit vite par énerver Christophe qui a des mauvais souvenirs de la lenteur des grimpeurs anglo-saxons. Il décide d’ouvrir une variante par la droite pour les doubler, mais point de fissure ou de becquet pour se protéger. Il redescend, pendant ce temps le leader de la cordée de dessus décide se prendre un plomb sur un cablé, ils changent d’itinéraire et rejoint notre goulotte. Voilà le problème de Christophe résolu. La suite se déroule sans problème, même si ce grade 4 n’était pas en condition. Pendant ce temps là Marc et Daniel font un grade 5 qui lui aussi n’est pas en condition. Céline et moi faisons sans problème notre grade 3 mais je fais un demi-tour en essayant une variante sur la fin pour finir par la voie traditionnelle. Il se révélera que ce dièdre très esthétique est un grade 6. Si il était dans les mêmes conditions que les autres voies, j’ai bien fait de faire volte-face.
Daniel se la joue avec ses X-monsters
Ombres chinoises à l’attaque de la dernière longueur
Au sommet s’offre à nous un magnifique plateau. Pour une fois, notre cordée est la première et nous repartons rapidement faire une deuxième voie encore plus facile pendant que les autres finissent ! Céline résumera sa journée à avoir remonter des pentes de neige. Le retour quoi que un peu long est très agréable et nous voyons même des skieurs écossais !
Encore une journée bien remplie !
Déjà le vendredi, pour finir en apothéose, on décide de retourner à Glencoe, au même endroit que le premier jour mais cette fois, il fait beau, le ciel est bleu et il n’y a pas de nuages (presque). Théo n’est pas avec nous, tous ses sentiers pavés ont eu raison de ses genoux, Christophe se joint donc à notre cordée. Nous remontons le vallon maintenant connu, il a neigé depuis la dernière fois. Une fois dans le cirque, nous découvrons des montagnes qui étaient restées dans le brouillard lors de notre dernière visite.
Avec le beau temps, nous découvrons de nouvelles faces
La météo est bonne mais la température est élevée, nous rejoignons quand même une arête, la neige est profonde, on se fait une petite plateforme pour s’équiper. Et là, c’est le drame, Céline fait tomber son sac, je tente un arrêt au vol mais glisse dans la pente, je m’arrête mais pas le sac qui arrive 100m dessous. Elle redescend pendant que j’attaque la première longueur. Il ne gèle pas et je dois donc nettoyer toute la longueur pour trouver des prises à peu près fiables. Pendant que je laboure, Marc s’élance à côté de moi. Nous faisons relais côte à côte. La deuxième longueur est en meilleure condition et après une petite arête en neige, on rejoint une courte goulotte puis le crux de la voie protégé par un bon cablé. Encore une longueur et nous sommes au sommet. La descente longe de très belles corniches puis il suffit de récupérer notre célèbre sentier pavé. Cependant cette fois, la descente est agréable car elle se fait sous le beau temps, nous offrant un superbe paysage.
J’attaque à labourer la première longueur
Céline dans une petite goulotte qui donne accès au crux
Marc à la sortie de ladite goulotte
Marc finit l’arête dans une superbe ambiance
Le lendemain après quelques emplettes à Fort Williams, nous prenons la route du retour. Cette fois il fait jour et nous voyons enfin les régions parcourues de nuit à l’aller : On traverse des lacs, des montagnes enneigées, des forêts… Enfin on rejoint la civilisation, on rend les voitures, on attend notre avion, ça y’est c’est fini ! Nous retrouvons Paulo et ses clients, apparemment ils ont pu faire moins de choses que nous.
Arrivés au alentour de Lyon, on nous annonce que la météo est trop mauvaise sur Grenoble et que nous atterrissons à Saint-Exupery. Un comble, nous avons quitté l’Ecosse sous un ciel bleu et rentrons en France sous la neige et le vent.
En conclusion, même si la glace n’était pas au rendez vous et que le Ben Nevis reste invaincu, nous avons passé une superbe semaine en terre écossaise avec une météo relativement clémente. Nous avons profité pleinement de nos vacances à brasser la neige humide, à verrouiller des fissures incertaines et à marcher sous la pluie. Contrairement aux prévisions de beaux temps sur l’Ecosse, une chose est sure: We will be back !
Rémy
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